Fight club en cortex


Ok. Je ne sais pas vraiment comment articuler mes mots pour cette note, d'autant que je ne maîtrise pas les notions idéologiques et politiques qui vont suivre.

Pose du décor: depuis que je suis arrivée à Montréal fin septembre, je travaille dans une agence de placement. J'effectue des missions dans le secteur social et santé (ça me change du luxe!). Voici une quinzaine de jours que je m'occupe de recevoir des personnes essentiellement issues de l'immigration, venant de Chine, Viet-Nâm, Egypte, Liban, Maroc, Mexique, Italie, Haiti, Russie, Hongrie, et d'établir leur éligibilité à l'accès aux soins, dans le cadre d'une campagne de vaccination.Un melting-pot incroyable, une vraie tour de Babel.

(A parte: depuis mon enfance les gens se sont toujours interrogés sur mes origines.
Qui pour l'un marocaine, qui pour l'autre libanaise ou bien encore juive, c'est le trio de tête. Bref, Autant en France, c'était régulier, autant ici c'est une question que l'on me pose systématiquement, tous les jours. Mais Vraiment tous les jours).


Pourquoi je vous raconte ça? Et bien lisez la suite, et vous allez comprendre:

Hier matin, j'ai monté le dossier d'un vieil homme d'origine égyptienne. Le vieillard, convaincu que je suis juive, me parle de la Torah et me cite des passages de Genesis.
Je l'écoute gentiment ( omettant de lui dire que me convaincre de quoi que ce soit en matiere de religion est "danaïdique").


Puis, dans l'aprés-midi, je discute avec un bénévole. Ce garçon travaille avec nous dans le cadre de travaux compensatoires, c'est-à-dire qu'il effectue des heures de travail d'intérêt général pour la communauté au lieu d'être condamné pour contraventions impayées.
Bref, ce gars est très sympa, un bout-en-train, adorable avec les gens et très prévenant. La coqueluche de ces dames. Je discute avec lui depuis plusieurs jours, l'encourage dans sa recherche de travail, il termine ses études en maths spé. Bref, va bene. Et puis, hier, hiatus. Il s'est passé quelque chose que j'ai encore du mal à saisir. Une rupture très violente que je n'imaginais pas un instant et qui me perturbe depuis hier.

Nous voilà donc à discuter, en compagnie d'une jeune tchadienne qui fait partie de l'équipe.
Je ne sais pas comment la discussion a dérapé à ce point. Ce garçon, d'origine marocaine et musulman a priori modéré, soulève la sempiternelle question de mes origines. Il m'assure alors que j'ai un air arabe et que je dois certainement avoir des origines maghrébines. Fort de sa déduction, et dans un " je ne sais quoi de bordel de communautarisme "soudain, il s'est livré à moi. Effroi.
Il m'a dit "Je suis hitlérien". Je vous bride ses propos : le placement des chefs d'état actuels aux US, en France et en Turquie organisé par le lobby juif, le monopole des juifs dans le monde des finances et des médias, leur alliance avec la Francmaçonnerie, les organisations secrétes qui articulent le monde, etc. Le fameux complot. Je suis blème,interdite. J'ai l'impression de bouffer le sol de la bande de Gaza dans cette salle de soins.
Je ne sais pas quoi répondre. J'écoute puis je fuis. Depuis hier soir je traine ce malaise dans mon cortex.

Et puis cette nuit, tracassée, je rapporte l'affaire à un ami Juif ashkenaze.
Il me répond: "Il n'a pas tort".

Il me répond : "Il n'a pas tort".

Je repense confusément à American History X, la Liste de Shindler, Racines, toutes ces oeuvres sur la violence de la nature humaine qui m'ont marquée et me font encore croire à l'Homme.
Le monde est schizophrène. Et je crois que je ne le comprends pas. Vraiment pas.
Et j'écoute en boucle Le petit Train des Rita Mitsouko.

Avec une furieuse envie de plonger mes mains dans l'argile. Mais pas de terre ici ce soir, alors je vous ressors cette photo d'une de mes bricoles que vous connaissez déjà, en phase avec mon ressenti depuis hier.

Comments

6 Responses to "Fight club en cortex"

Le stress : une maladie de civilisation a dit… 28 novembre 2008 à 08:19

Oh non de Dieu ! Ce ne serait pas le retour du malade ?

Anonyme a dit… 28 novembre 2008 à 17:25

Quand le monde est malade et qu'on ne trouve pas de coupables, c'est toujours cette vieille même histoire abacadabrantesque qui remonte.

boronali a dit… 28 novembre 2008 à 21:27

Il n'a pas tort d'être hitlérien ou de penser ce qu'il pense ?

magwann a dit… 28 novembre 2008 à 23:53

@Merlin:non, ce n'est pas le retour du malade, même si ce dernier m'a envoyé une friend request sur FB le même jour.. Y'a des jours comme ça..

@Fish:probablement, c'est en tout cas très violent.

@Boro: à la relecture de mon post, ça prête effectivement à confusion. Comprendre: "De penser ce qu'il pense",of course.Et attention, il n'a pas dit qu'il avait raison, mais qu'il n'avait pas tout à fait tort.

C. a dit… 29 novembre 2008 à 22:13

Il crèvera d'un cancer du cul.

La justice le re-rattrapera un jour. Ou ses mômes. Ou un mec comme moi si ça bardait un jour (on est plein, en fait).

Anonyme a dit… 30 novembre 2008 à 00:28

@C: métastases idéologiques, gangrène de l'esprit.Trouver chimio à tout prix.

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