L’instant exact

Aujourd’hui, je me suis effondrée. Au boulot.
Hier pourtant, j’ai retrouvé une partie de la FAPM ici et là, et quelques joyeux lurons.
J’avais envie de me mettre la tête à l’envers, aérer le cortex, claquer les synapses. Mais j’étais pas dans le mood. La tête ailleurs. Je suis partie tôt, inquiète.

Aujourd’hui je me suis effondrée. Au boulot. Les larmes à en pleuvoir, ruissellent, craquellent les couleurs sur mon visage.

Ma boss.

Elle ma dit : « Tu as des problèmes personnels ? ».

J’ai hocqueté : « Non, aucun, je ne peux simplement plus effectuer ce travail que je déteste tellement, qui me tue si fort chaque jour ».

Elle m’a dit : « Pourtant, tu es pleine de joie, tu ris tout le temps ! ».

« Je suis une excellente comédienne, portée par ma fierté ».

Je suis une excellente comédienne.

Elle m’a dit : « Résiste jusqu’au bout, tu as beaucoup de courage dans ton choix ». Elle m’a prise dans ses bras.

Je suis sortie de son bureau, épuisée par ce ventre vide depuis hier.

Un éblouissement. Je me suis adossée au mur dans les toilettes. J’ai remodelé mon visage, un trait d’eye liner brun pour redessiner l’humeur vautrée, un peu de rouge sur les joues. Une inspiration de plus et puis j’ai parcouru le couloir, attentive à mon sourire réaffiché.

"Hey! Ca va toi?"
"Ouais!"
"Et toi ça va?"
"Ouais!"

Clac. J’ai fermé la porte. Devant mon écran, les yeux dans le vide, les larmes roulent en une longue corde de sel.

Fish, intuitif (comme toujours) venait de me laisser un message. « Mag, je te connais, t’étais pas dedans hier », rappelle-moi ».

Un de ces moments de vie où les gens qui pensent à vous le font à l’instant exact où vous en avez besoin. Juste exact.

On a ri pour de vrai, mangé, parlé. Les choses simples et essentielles.

Il m’a emmenée au Virgin. J’ai enfin trouvé le dernier album de Ray Lamontagne.